« J’ai besoin d’images, je suis ultra visuelle » me dit Laurène, l’esprit créatif que l’on découvre (ou retrouve ?) derrière le concept de Popnographe. On est faites pour s’entendre, car moi aussi j’ai besoin d’images : un portrait de mes grands-parents, un Post-It avec écrit un truc idiot mais mémorable dessus, et au milieu des visuels de Popnographe. Le graphisme de Laurène, au-delà de son esthétisme tantôt teinté d’aspirations Pop Art que composé de traits fins et élégants, apporte beaucoup de sens. Donner du sens est, pour moi, le fil conducteur de Popnographe. Car cela ne se résume pas à un simple projet visuel, mais à l’idée de faire réfléchir et réagir à travers plusieurs techniques dont les montages, collages, illustrations et dernièrement, la photographie.
- « Personnality cannot be photoshoped »
Pour mieux comprendre l’idée de Popnographe, je pense qu’il faut s’intéresser au parcours de Laurène, un récit que j’ai sincèrement adoré écouter. Elle a eu le courage de privilégier sa passion pour la création, surtout textile après un stage marquant chez Dior en classe de troisième, et de protéger son imagination ainsi que son intuition artistique. Ainsi, elle a décidé de prendre des cours de couture en autodidacte et s’est lancée dans la création d’un concept store à seulement 21 ans. Cette adresse, c’était chez elle : on retrouvait de la décoration, des accessoires, des pièces vintage retapées, et deux collections de vêtements, le tout pensé par Laurène elle-même, véritable directrice artistique, et créé en collaboration avec des ateliers de couture. Avec cette aventure, elle cherchait un vrai rapport auprès des différents visiteurs et clients, loin des sourires forcés et rictus stressés des vendeurs des grandes enseignes. Cela perdurera pendant quatre ans. En 2015, le cap sera changé et le showroom ferma ses portes. On dit « savoir ce que c’est », mais c’est bien différent lorsqu’on le vie : la vie rythmée d’une créatrice est épuisante. Mais que ce soit dans le tumulte d’une nouvelle épopée parisienne ou en se promenant calmement dans les rues de la capitale, il y a une évidence : la plus grande source d’inspiration de Laurène, c’est la rue. Et c’est ainsi que son goût pour le street art sera prononcé et que les collages commencèrent.
- « Heal the world »
Une fois revenue à Toulouse, les murs d’expression libre de notre ville se parèrent de personnages cultes (on donne dans les Disney et les Looney Tunes, principalement) et de slogans et visuels revisités. La patte graphique de Popnographe est de plus en plus présente, presque habituelle voire quotidienne pour certains ! Les sujets sont variés, parfois empreints d’ironie et de sarcasme à propos de notre culture pop. Et puis un jour, l’horreur se produit le 7 janvier 2015 et se répéta le 13 novembre 2015, le 22 mars 2016, le 14 juillet 2016… Face à l’incompréhension de la situation et pour survivre après le choc : il faut s’exprimer. La reconstruction de l’espoir passe à travers le collage, les dessins et les besoins d’extérioriser ainsi que de dialoguer grandissent. A tel point qu’un jour, alors qu’elle est occupée à coller une nouvelle affiche en signe de résistance suite à l’attentat de Bruxelles, elle entend, à propos de son œuvre « On a besoin de voir ce genre de choses. Merci ». Oui, merci beaucoup Laurène. Les blessures se pansèrent lentement, et plus tard, elle sera reconnectée avec l’enfant qui sommeille en elle et prendra de l’élan pour se lancer dans de nouveaux défis et réaliser ses rêves à nouveau.
- « Girls don’t dress up for boys »
Vous avez sûrement du croiser de beaux portraits de femmes en noir et blanc près de la sortie de métro de Compans Caffarelli. Ils sont beaux, selon moi, puisqu’ils illustrent ce cri du cœur « Girls don’t dress up for boys ». Cette réalité soulève un débat très complexe qui malheureusement n’est pas uniquement souligné par les évènements récents mais qui perdure terriblement. Et si on nous foutait la paix ? Le harcèlement touche en effet une corde sensible de Laurène : quelle est, alors, la place du vêtement dans la vie d’une femme ? Quelles raisons vont régir finalement le choix d’une tenue ? Car très vite, l’enjeu de la liberté devient capital. « Si on refuse de s’habiller comme on le souhaite, de se mettre en valeur, alors on refuse sa propre valeur. » Lorsque Laurène est derrière l’objectif, elle tient également à interviewer les modèles qui posent pour elles. Elle veut qu’elles se sentent « Beyoncé », qu’elles portent un vêtement significatif pour elles : dans lequel elles se sentent belles, confiantes ou alors parfois effrayées, sur leurs gardes. Les détails capturés par Laurène démontrent une tension, une envie de justice, de liberté et d’harmonie et finalement l’espoir. L’espoir qu’avec cette initiative les femmes se sentent un peu plus rassurées et que certains réfléchissent, que la solidarité entre femmes ne cesse de croître et que le dialogue soit un peu plus équilibré et surtout intelligent.
On se donne rendez-vous métro Compans Caffarelli et un peu partout dans Toulouse pour découvrir ce projet ?
J’adore, j’adhère…………..Merci Laurène
Vive l’art sous toutes ses formes !
A bientôt aux gourmands de Saint Sernin
Joanna Molard