Dans l’élaboration de tendances et des standardisations, la presse est, pour moi, un domaine important dans la mode. Qui décide ce que l’on “doit” porter ? Ce qui devra donc être présenté sur papier glacé et en même temps porté sous des lumières incandescentes durant des défilés, (sur)produit, transporté, emmagasiné ? Même si elle est corollaire de l’état des marchés, du travail des bureaux de tendances, la presse paraît, pour ces lecteurs et lectrices, comme primordiale. On parle bien de “bible de la mode”.
La presse genrée féminine, bien qu’elle ne consacre parfois qu’une partie de ces articles aux textiles et accessoires, a, toujours eu pour moi une fonction impérative : il faut porter ceci, il faut faire cela. Comme un code de conduite publié selon une fréquence, j’ai toujours trouvé qu’il y avait une valeur d’absolu dans ce genre de lectures, contraire à la part de créativité qui existe au sein de la mode, et donc aux éventuelles “objections”, qui seraient plutôt le reflet de ce que l’on aime et veut porter. Heureusement, aujourd’hui, de nombreux magazines, sur papier comme sur le web, s’affranchissent de cette manière de “dicter” le “must” et de montrer du doigt les “has been”.
Within the den, un magazine féminin fondé par Balkis Hmida, s’inscrit dans ce renouveau. Son dessein principal : “l’empowerment”, paradoxal à la frustration qui faisait vendre il y a encore quelques années. Les autrices demeurent positives, bienveillantes, et avant tout humaines : elles prennent la parole sur des faits d’actualité, parlent de leurs inspirations mode, donc de ce qui leur plaît, rédigent des articles de fond, sans jamais se placer au-dessus de leurs lectrices et lecteurs, bien au contraire. Entretien avec Balkis Hmida.
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Concerning the making of fashion trends and standardizations, print media take, to me, a significant part in this process. Who makes fashion? Who decides what we have to wear and what will be presented on glossy paper and under catwalk’s lights? What should be (over)produced, transported, put into stores? Even if it’s a corollary to the current state of the market, and to what has been decided by trend forecasting agencies, the magazines appear to be to their readers, an essential source. We often mention the terms “fashion bible.”
Even if fashion is only a column among others, women’s magazines have always had a sort of crucial function, as they often urge the importance of fitting and buying the latest fashionable pieces of clothes to their readers. It’s a sort of “code of conduct” with official rules published on a frequency. I’ve always thought that it was contrary to the creativity that inherently exists in the fashion industry, and so to the potential “objections” that we’d have, which are more the reflections of what we actually love and want to wear. Fortunately, today, a lot of women’s magazines, on paper or the web, free themselves from this way of “dictating” the “must” and point out the “has been.”
Within the den, a women’s magazine founded by Balkis Hmida, dovetails with this editorial renewal. The principal aim of the magazine? Empower each other, which is really paradoxical to the frustration that many women’s magazines used to sell a few years ago.
Within the den’s journalists are positive, altruistic, and mostly, humans: they talk about different current issues, their fashion inspirations (so, what they like), and featured stories, and this without being above their readers, on the contrary. Interview with Balkis Hmida, founder of the magazine.
- Que représente la presse féminine classique pour toi, que souhaites-tu conserver et modifier dans ce domaine ?
- What do mainstream women’s magazines mean for you? What do you want to keep and reject concerning this area?
La presse féminine classique pour moi représentait un esprit cloisonné. Comme une secte fermée qui nous rabâchait les mêmes sujets sans cesse. La presse classique, d’il y a quelques années est culpabilisatrice et majoritairement blanche. Pas très inclusive, en bref. Cependant, pas toutes les presses se ressemblaient. Les lignes éditoriales de l’époque suivait une mentalité qui n’était pas encore déconstruite des diktats de la société. Je souhaiterai conserver l’esprit d’équipe et les bases du journalisme, mais modifier tout le reste (très prétentieux haha). J’ai souhaité créer un magazine qui se présente comme un safe space, qui aborde des sujets importants et souvent tabous, mais aussi de bien-être et de développement personnel. Le but est que tout le monde se sente inclus et surtout compris. Le but est qu’en ouvrant WTD, vous vous sentiez bien et at peace.
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Women’s magazines, to me, represented close-mindedness. A sort of restricted system which published over and over the same topics. The mainstream media used to blame its readers and make them guilty of something and were mainly white. Not really inclusive, to sum up.
However, not all print media look alike. The editorial policy belonged to a fixed mindset that wasn’t released out of the society’s obsessions. I would like to keep the teamwork spirit and the basis of journalism, but modify all the rest (so much cocky, ahah). I wanted to create a magazine that looks like a safe space, which tackles different issues, often taboo, and contains articles about well-being and personal development. The aim is that everyone feels included and mostly understood. When you open WTD, you must feel good, and at peace. That’s the goal.
- Comment as-tu pensé ton magazine au départ ?
- How did you conceive your magazine when you started it?
Au départ, Within The Den était un “bric à brac élégant d’articles en tout genre”. Un magazine qui ne souhaitait pas avoir de ligne édito précise par peur de se fermer des portes (une grosse erreur). Je ne voulais pas me limiter à parler d’une seule chose, mais nous n’avons jamais été aussi libres de nous exprimer sur divers sujets qu’en trouvant notre niche et notre ligne édito.
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In the beginning, Within the Den was a “nice bric-à-brac of miscellaneous articles.” A magazine that didn’t want to follow any specific editorial policy, to keep our options open (a big mistake). I didn’t want to limit myself to one topic only, but we have never been freer to express ourselves on different matters than when we found our niche and editorial policy.
- Quel est le ton que tu as souhaité adopté et le rapport avec ta communauté ?
- What’s the tone you wanted to have and your relationship with your community?
Comme tu l’as si bien dit, un ton positif, bienveillant et réconfortant. Je perçois ma communauté comme des amies, qui peuvent venir nous parler et témoigner quand elles le veulent, ou même nous demander d’écrire sur certains sujets qu’elles souhaiteraient que l’on aborde. Ce magazine, avant d’être pour nous, est aussi pour toutes les elles et ils qui avaient besoin d’un média ouvert.
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As you said it, a positive tone, benevolent and comforting. I see my community as friends who can talk to us and declare what they want, when they want, or even ask us to write about different issues they wanted us to introduce. Before being made for us, this magazine is dedicated to all the “they” who need an open media.
- Penses-tu que la mode comme la presse féminine soient au diapason de notre société, ou qu’elles n’en soient pas le reflet ?
- Do you think that fashion women’s magazines are a reliable mirror of society or its opposite?
Personnellement, je trouve qu’aujourd’hui, certaines presses féminines (Censored, Tapage, Paulette) reflètent bien notre société. Nous avons la chance de vivre dans une société ou la démocratisation d’internet a permis à nombre d’entre nous de nous lancer et de défendre les valeurs qui nous tiennent à coeur et d’entreprendre. Certains médias restent néanmoins à la ramasse, mais ça, c’est comme partout.
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Personally, I think that today a few women’s magazines (Censored, Tapage and Paulette) are a reflection of society. Luckily, we live in a society where internet is more accessible and has allowed some of us to throw ourselves into projects, make a stand, and defend the values that matter to us. Some media are still completely off the beam, though, but it’s a more common issue.
- Quels sont tes futurs projets avec Within the den ?
- What are your future plans with Within the den?
Pas mal de projets sont à prévoir pour fin 2020 et 2021. Notamment un numéro 2 (info exclusive haha), des projets visuels et des petits hors séries. Nous avons hâte de vous montrer le fruit de notre dur labeur quotidien !
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Many projects for the end of 2020 and the beginning of 2021, including the second issue (exclusive information, ahah), visual projects, and special issues. We look forward to showing you the results of this hard work!
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