Un café avec Alis Mirebeau

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J’ai rencontré Alis Mirebeau il y a quelques années, au détour d’un festival. Ce que j’apprécie chez Alis, est remarquable dans son travail : son honnêteté et sa sincérité.

Pour elle, « la photographie est avant tout évolutive. Il s’agit de traduire, à sa manière, ce que l’on voit. A l’origine, c’est une copie de notre environnement puis vient naître une réelle recherche et un travail pictural. »

  • Passé

Ancienne étudiante praticienne photographe de l’ETPA, elle reconnaît être toujours influencée par les savoirs et techniques acquis à l’école, et elle souhaiterait déconstruire, en partie, ce qu’on lui a appris.
Durant ses études secondaires, son goût pour l’Art était très prononcé. Plus le temps passait, plus la photographie devenait son médium principal. Elle a débuté avec un Canon 550D, et aujourd’hui elle utilise un Mark III qu’elle considère comme un prolongement de son bras et de son œil. En première année à l’ETPA, elle travailla d’abord ses différentes prises de vue ainsi que les fondamentaux de la technique. Pour les projets qu’elle devait défendre en fin de deuxième année, elle se concentra sur l’autoportrait et le flou. La photographie d’Alis est celle de l’intime : son thème de prédilection était alors celui de la famille. En troisième année, son travail évoluera énormément : elle préférera se concentrer sur ce qu’il se passe autour d’elle à travers des séries (on admirera d’ailleurs ses séries comme Cherry et ses portraits tels Genre Neutre) tout en continuant d’exorciser son intimité (Petites Insanités).
A l’ETPA, elle aura donc mûri, peut-être grâce à de beaux souvenirs comme ses premières Rencontres de la Photographie à Arles ou Images Singulières à Sète mais également à cause de moments douloureux et de remises en questions.

 

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extrait de la série Cherry

 

 

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extrait de la série de portraits Genre Neutre

 

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extrait de la série Petites Insanités

  • Présent

Elle a une relation instinctive avec l’appareil : elle peut ne rien prendre en photo pendant un mois, puis la semaine d’après en prendre énormément. Et, même si parfois son besoin de photographier ne s’exprime pas, cela reste toujours son prolongement. Elle tient à capter ce qu’il se passe et reste maître de son appareil.

Ses inspirations sont vastes, tout comme ses influences. Qu’il s’agisse de la lumière naturelle de Dorothée Smith, du travail d’Ulrich Lebeuf qu’elle considère comme son maître à penser, ou de la poésie de Ren Hang, Alis a ses propres sujets de prédilection et extériorise sa sensibilité grâce à la photographie.
Elle aimerait introduire un autre médium dans son travail, celui de l’écriture. Ce serait une nouvelle forme d’expression par lequel se créerait un apport de consistance à travers une série d’images d’archives.
Et en pratique ? Elle reconnaît qu’elle n’a pas de journée type. Concernant le métier de photographe, elle sait reconnaître chacune des vérités de cette profession : le statut de photographe est complexe, de par toute la charge administrative qu’il implique. Il entraîne également beaucoup de coûts, car les bons outils du photographe ne s’improvisent pas. En revanche, les avantages de ce travail compensent : de riches rencontres et des projets réalisés qui sont de réelles sources de développement et d’épanouissement, puisqu’il s’agit d’apporter avant tout sa vision à un moment donné et de laisser sa trace.
Côté technique, elle opte plus pour la couleur que le noir et blanc, alors qu’elle l’affectionne tout autant. Pour sa photo intime et plus généralement, elle se fie au 35mm. On reconnaît son style qui mêle surréalisme et second degré. Ses péchés mignons sont l’argentique et le Rolleiflex (qu’elle utilise rarement, cependant) : deux propositions bien différentes de son Mark III. Chaque appareil offre une nouvelle démonstration. Elle se sent aussi à l’aise derrière un compact et reconnaîtra finalement qu’on peut prendre une belle photo avec n’importe quel appareil.

 

  • Futur

Son projet photographique est, on peut le dire, le projet d’une vie : Elle réalise un journal intime photographique. Ses photographies provenant de ses archives seraient le fil conducteur. Elle voudrait également publier son premier livre, exposer, mais d’abord voyager : En Nouvelle-Zélande, Islande ou encore sur la côte ouest des Etats-Unis ou au Cap Vert. Ces projets sont de véritables défis, et c’est là où la photographie intervient puisque c’est un réel dépassement de soi !

Outre ce statut de photographe, elle est aussi intéressée par l’édition de livres photos et le métier de galeriste. Elle a déjà flirté avec la réalisation.

« Pourquoi se prendre au sérieux quand on peut prendre des photos ? » A ma petite devise, Alis répond qu’il faut prendre son sujet au sérieux, rester cadré et professionnel tout en ne se prenant pas au sérieux, et demeurer une personne honnête et sincère.

 

AlisMirebeau

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