Atelier Amarante fall / winter collection
“The soul unto itself” est un shooting conçu uniquement autour du poème d’Emily Dickinson. C’est plus qu’un hommage à cet écrit poétique, mais une représentation photographique des mots de la poétesse.
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“The soul unto itself” is an editorial photoshoot conceived only around Emily Dickinson’s poem. It’s more than a tribute to this poetic piece, but a photographic representation of the poet’s words.
The soul unto itself
Is an imperial friend,—
Or the most agonizing spy
An enemy could send.Secure against its own,
No treason it can fear;
Itself its sovereign, of itself
The soul should stand in awe.–
Emily Dickinson (683)
Aphrodite, Flore, Holy Marie, Léa, Natacha
Cinq femmes, les cinq modèles du shooting, nous offrent leurs propres interprétations de chaque vers comme un cadeau qu’elles nous font. Ce cadeau est présent dans leurs mouvements, leurs regards, les émotions qu’elles partagent.
Elles personnifient l’ambiguïté du poème, cette instabilité parfaite qui se trouve chez les êtres humains, et cette fragilité glorieuse de l’existence.
Ce shooting est une histoire d’émotions et d’humeurs qui se reflètent les unes aux autres, une histoire dédiée à cette corde sensible, et au fait d’être dans la contemplation puis d’avancer. Entre l’obscurité et la lumière.
Une histoire où les robes d’Atelier Amarante, conçues pour durer, deviennent des tenues pour nous protéger ou des armures dans lesquelles avancer, un pas après l’autre.
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Five women, the five models of this photoshoot, give us their own interpretation of each verse like a gift they offer us. This present is in their gestures, their gazes, the emotions they communicate.
They embody the poem’s ambiguity, this perfect instability that can be found within humans, and this glorious fragility of existence.
This photoshoot is a story about moods and emotions that mirror each other, about that very something that strikes a chord, about contemplating and pulling yourself together. Between darkness and light.
A story in which Atelier Amarante’s dresses, built to last, become garments to feel protected or armors in which you can move, one step at a time.


Atelier Amarante
Atelier Amarante est une marque française dont Marion, la créatrice, habite Albi. La marque est une manière de montrer toute la sensibilité de Marion et son affection pour les détails élégants. Chaque pièce est inspirée par ses valeurs et centres d’intérêts : le féminisme, la littérature, la complexité de la nature, le pouvoir et l’influence des illustrations, la musique K-Pop… La marque est empreinte de la créativité de Marion, chacune de ses créations montre son amour pour les tenues intemporelles avec des éléments techniques incorporés comme des cols montants et ruchés et des manches bouffantes.
Ce qui est vraiment honorable à propos du travail de Marion, c’est le fait qu’elle s’affranchisse de la standardisation actuelle de la création vestimentaire, les tenues qu’elle propose peuvent être portées à toutes occasions, tous les jours. La marque partage alors le désir actuel de nombreux.ses stylistes et maisons de couture : célébrer la joie de créer pour chacune des personnalités de ses clientes et clients, en n’étant plus influencée par l’industrie de la mode qui force à suivre chaque tendance et à produire toujours plus.
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Atelier Amarante is a French brand owned by Marion, a fashion designer living in Albi (West Southern France). The brand is a textile demonstration of Marion’s sensitivity and love for elegant details. Each clothing design is inspired by her personal values and interests: feminism, nature’s complexity, literature, the power and influence of illustrations, K-pop music. The brand definitely harbors Marion’s strong sense of creativity, as each piece displays her love for timeless design with stitching technicalities like modern ruffle collars and puff cuff sleeves.
What is really significant concerning Marion’s fashion design is her clothing type and style: between made-to-wear and evening gowns, Atelier Amarante’s pieces are not only created in small quantities but can be worn for each occasion. The brand shares the current willingness of many concerned fashion designers: celebrating the joy of creating for each customer’s personality and preventing any influence from the industry and its urge to follow a new trend and produce.


Comment avons-nous raconté cette histoire : la création du shooting
How we’ve told the story: the making of the photoshoot
Le salon Art Déco du Jardin Culturel est notre décor principal pour ce shooting. Le papier peint intérieur représentant une scène d’extérieur, avec des oiseaux et un ciel bleu produit une sorte d’incongruité correspondant parfaitement à mon interprétation du poème : l’idée d’être bloqué.e, à l’intérieur, s’empêchant d’aller dehors et de ne pas vivre pleinement le moment présent.
Plus nous continuons de lire le poème, plus nous ouvrons des portes sur le décor, laissant entrer la lumière naturelle, et nous montrons que nous ne vivons plus cette phase de contemplation qui mène à un sentiment accablant.
La lumière est l’élément technique central de ce shooting. L’éclairage agressif et froid de la softbox, placé très près des modèles, crée une atmosphère onirique ou cauchemardesque. Les ombres portées des modèles présentes en arrière-plan renforcent l’idée d’être vue, d’examination de soi, et de l’existence de pensées nuisibles contre soi-même. Ajouter ce type d’éclairage à un décor Art Déco vide nous a permis de créer un shooting éditorial métaphorique, le tissu même du poème.
Les modèles ne regardent pas l’objectif, mais se regardent elles-mêmes. Nous sommes allées plus loin dans le thème du regard sur soi avec les différents miroirs et objectifs que nous avons utilisé : le cristal kaléidoscopique montre la multiplicité d’émotions, de sensations et de questions, tandis que le prisme avec les feuilles d’aluminium propage des reflets colorés des tenues, parallèles aux échos de nos personnalités. Les miroirs nous ont permis de souligner l’idée d’observation : les miroirs cassés montrent à quel point il peut être difficile de s’observer, tandis que les miroirs placés sous les pieds des modèles désignent le fait de dominer ses peurs et émotions négatives.
Ce n’est pas un shooting qui a une morale ou une fin heureuse, mais qui exprime plutôt un moment de doute, des émotions brutes et complexes. Des instants fuyants, passant d’une instabilité et un chaos intérieur à une explosion de sentiments et une nouvelle sensation de stabilisation.
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The Jardin Culturel’s Art Deco lounge is our only setting for this photoshoot. The indoor wallpaper representing an outdoor scene with birds and blue sky produces a sort of incongruity matching my interpretation of the poem: being stuck inside (in your own thoughts) preventing yourself from going outside and not fully living in the moment. The more we continue reading the poem, the more we open doors at the setting, let in the natural light, and show that we are no longer experiencing this contemplation phase, leading to an overwhelming feeling.
Light is indeed the central technical aspect of the photoshoot. The cold and aggressive softbox lightning, very close to the models, creates a nightmarish (or fever dream-like) atmosphere. The models’ cast shadows present in each background build on the thematics of self-examination, the existence of your harmful thoughts against yourself, and the sensation of being seen, catching the eye. Adding this type of lightning in an empty Art Deco setting results in the making of a metaphorical editorial, the poem’s fabric.
The models are not actually looking at me, but looking at themselves. We go further with the theme of scrutiny with the different mirrors and lenses that we use: the kaleidoscopic crystal shows the multiplicity of selves within each person, and the aluminum paper prism is an illustration of the echoes of the self. Mirrors help us literally underscore the act of observation: broken mirrors show how difficult it might be to look at yourself, whereas mirrors put under the models’ feet prove that they transcend this act and dominate their fears and negative feelings.
This is not a photoshoot providing a sort of “moral value” or happy ending; it’s just about a moment of doubt, complicated feelings, and raw emotions. It’s a series of fleeting instants, from instability and inner chaos to bursts of emotions and restabilization.







Pour soutenir notre équipe
Last but not least: support our crew
J’ai pu rencontrer chaque membre de cette équipe pour le shooting The soul unto the self (la marque Atelier Amarante ainsi qu’Aphrodite, Flore, Holy Marie, Léa, Natacha, les modèles de ce shooting) uniquement grâce aux réseaux sociaux
Si vous souhaitez ajouter un peu de délicatesse et de poésie à votre feed Instagram, suivez la marque sur les réseaux sociaux ! Découvrez également chaque univers singulier et portraits des modèles en vous abonnant à leurs comptes.
Ma rencontre avec ces six femmes talentueuses prouve l’importance du soutien sur les réseaux sociaux, et qu’hormis la course aux likes, ils sont nécessaires pour nous, créatifs.ves qui souhaitons raconter des histoires et travailler avec des personnes de talent !
Je vous raconte plus en détails ma rencontre avec l’une des modèles, Holy Marie.
Tout a commencé par une vidéo (et beaucoup de soutien).
En début d’année, parmi les nombreuses informations que je lisais et images que je regardais, je suis tombée un soir sur une vidéo publiée par Olitax. Elle date du soir de la manifestation dénonçant les nominations de Roman Polanski aux Césars 2020, et on y voit une personne, dans la foule, se déplaçant à béquilles, puis se faire violemment jeter à terre par un CRS.
Cette personne, c’est Holy Marie.
Son identifiant étant indiqué, j’ai pu ensuite la contacter pour lui communiquer mon soutien.
J’ai découvert le portrait d’une femme intelligente, d’une modèle talentueuse, d’un être humain tourné vers les autres. J’ai aussi découvert sa profession de travailleuse du sexe qui est intrinsèquement lié à son activisme. Holy Marie publie des textes et visuels informatifs, elle sensibilise sa communauté concernant son travail, ses collègues et les dangers de l’idéologie « abolitionniste » du point de vue de son travail, ainsi que du validisme.
Holy Marie a été l’une des cinq modèles brillantes du shooting “The soul unto itself”, et aujourd’hui alors que nous publions notre travail en ligne, elle pourrait être interdite de parole sur les réseaux sociaux, plus particulièrement sur Instagram.
Il y a quelques temps, son compte a été inactivé, son pseudo est devenu introuvable, et ce, sans aucun avertissement. Pourquoi ? Car aujourd’hui, lorsqu’on veut militer, parler de son métier de TDS, parler de sexualité, de son corps, publier des photos artistiques de nu (qui obligent à trouver de nouveaux stratagèmes pour cacher nos petites parties du corps saillantes et pigmentées appelées tétons), notre existence dans ce royaume en ligne peut être supprimée.
La vidéo dure seulement 8 secondes, Holy Marie a été brutalisée en 2 secondes, je l’ai contactée en seulement 30 secondes.
Il a fallu moins de temps pour effacer toute présence de son activisme, de ses mots et son art.
Si vous souhaitez également lui apporter votre soutien, vous pouvez vous abonner à son compte et lui donner plus de poids sur cet espace où sa voix est menacée.
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I met each member of the team of “The soul unto the self” photoshoot (the brand Atelier Amarante, as well as Aphrodite, Flore, Holy Marie, Léa and Natacha, the models) only thanks to social media.
If you want to add more delicacy and poetry to your Instagram feed, follow the brand! Also, learn more about each model’s unique inner world by following on Instagram them as well.
My meeting with these six talented women confirms the importance of supporting people through social media, and that these interfaces, apart from Instagram’s race for likes, are necessary for us creatives who want to tell stories and work with talented people!
I tell you more details about my meeting with one of the models, Holy Marie.
At the beginning of this year, amid all the news, testimonies, and pieces of information I read, I came across a video posted by Olitax. It was shot the night during the protests against Roman Polanski’s nominations during the 2020 Césars ceremony. On it, you can see a person, among the crowd, walking with crutches and then being suddenly and aggressively thrown on the floor by a CRS (a member of the riot police).
This person is Holy Marie.
As her I.G user ID was mentioned, I could contact her and send her my support.
As soon as I get in touch with her, I discovered the life of an intelligent woman, a talented model, and a human being who does care about others. I also learned about her work as a sex worker, which is inherently linked to her activism. Holy Marie posts numerous informative texts and graphic designs and raises awareness concerning her work, colleagues, and how dangerous SWERF and ableism ideologies are.
Holy Marie was among the brilliant models of the Soul unto itself photoshoot, and today, as we present our work on social media, she may be prohibited from speaking, specially on Instagram.
A couple of weeks ago, her account was deleted, and this, without any foreword.
Why? Because today, when you want to defend the causes that are significant to you, use your voice, be loud, talk about your work as a sex worker, talk about sexuality, your body, post artistic nudes (which make us forced to find new strategies to hide the raised region of tissue on the surface of our breast named nipples), well, you can bid farewell to your existence in this virtual kingdom.
The video only lasts for 8 seconds; in only 2 seconds, Holy Marie was ill-treated; within 30 seconds, I contacted her.
It took less time to delete any trace of her activism, her words, her art.
If you want to show your support to her, follow her, help her grow her impact in this threatening place where her voice is threatened.
Credits
Atelier Amarant: Facebook / Instagram
Models: Aphrodite, Flore, Holy Marie, Léa, Natacha
Place: Jardin Culturel : Facebook / Instagram
Special thanks to Cryptogramme Jewelry and Maison Kurage
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