Ils sont les garants d’un savoir-faire, les preuves d’une patte, d’une histoire tellement on arrive à les dater et parfois même les contextualiser. Ils colorent une pièce et l’habillent de lumière, peuvent créer de véritables effets d’optique et marquent une table ou un sol de leur ombre. Ils nous rappellent des souvenirs, sont présents dans nos scènes de vie, dans les décors qu’on se crée.
Qu’ils soient décoratifs, utiles (ou les deux) les objets contiennent mille et une qualités et adjectifs qui seraient presque gravés en eux. Qu’on les accumule ou qu’on préfère une ambiance minimaliste, lorsqu’on porte notre regard dessus, toute une symbolique apparaît. J’aime particulièrement les objets vintage car ils me font rêver. Je me demande à qui ils appartenaient, s’ils étaient ancrés dans une tendance ou une mode qui se répètera un jour, s’ils sont en plusieurs séries, ou le fruit du travail d’un.e artisan.e passionné.e. Je me demande dans quelles pièces ils étaient, s’ils ont amusé, porté chance, rassuré.
Dans une ambiance très simple, avec seulement de la lumière colorée, j’ai pu photographier quelques objets que l’on retrouve dans la boutique Maaad à Toulouse. Aline, la gérante, s’est prêtée au jeu de l’interview et a répondu à quelques questions à propos de son travail, de ses objets qu’elle trouve, dont elle prend soin, et qu’elle présente et met en vente dans sa boutique.
___
They guarantee authentic proof of a designer’s touch and his.her know-how; tie in with a specific story as we can assign dates and contexts to them. They colorize a room and spread light into it as they both filter its rays and flood us with brightness. They can produce optical effects, and leave their shadow on a table or the floor. They make us remember moments, are present in our scenes from everyday life, in the settings that we create. Whether they’re only intended for decorative purposes or made to improve our daily actions, (or both), objects contain hundred-and-one qualities and adjectives that are almost engraved on them. Whether you accumulate them or opt for a minimalist atmosphere, when we let our eyes linger on them, a whole symbolism appears to us.
I particularly like vintage objects as they inspire me and touch my imagination. I ask myself who they used to belong to; if they were made to follow a trend or a movement that would repeat itself; if they are produced in series, or would be inherent to specific artisan workmanship or workwomanship. I ask myself in which rooms they were and if they produced laughs, hope, or reassured people.
In a very simple composition with only colorful light, I photographed a few items that can be found at Maaad boutique in Toulouse. Aline, the owner has played the Q&A game and answered questions about her work, the objects that she finds, takes care of, and that she enhances and puts up for sale in her shop.

→ Peux-tu nous présenter ton métier et tes influences ?
Je suis antiquaire / brocanteuse, mais on peut dire aussi plus globalement gérante d’une boutique indépendante de décoration, puisque je ne vends pas uniquement des pièces anciennes ou vintage ! Je propose aussi quelques créateurs, artisans et designers contemporains. J’ai toujours aimé mélangé les styles & les époques dans la déco, je trouve ça beaucoup plus riche & inspirant (avec quand même un petit faible pour l’Art Déco…), c’est donc naturellement ce que je fais chez MAAAD.
Au niveau de mes influences, elles sont par conséquent multiples & très diverses ! Je m’inspire du passé (forcément), notamment en visitant systématiquement les musées d’arts décoratifs dans toutes les villes que je visite, ces musées sont souvent méconnus et pas trop fréquentés, mais ils sont une mine d’inspiration, avec des objets de toutes les époques, je peux y passer des heures! Mais sinon je peux trouver de l’inspiration déco un peu partout : j’adore voyager & flâner dans les villes (l’architecture, le style des gens…), les expos (aussi bien les pièces présentées que la scénographie), les magasines (actuels ou anciens), mais aussi les films & séries, quand il y a une vraie attention portée aux décors & aux costumes (tous les films de Kubrick, ou des séries comme Mad Men).
___
→ Could you tell us more about your work and what influences you?
I’m an antique and second-hand goods dealer, but I can say that on the whole, I’m the owner of an independent decoration boutique, as I only sell vintage or antique pieces! You can also find designers, artisans, and creators’ pieces. I’ve always loved to mix styles and eras concerning decoration, I think it’s way more inspiring and fascinating (with still my slightly soft spot for Art Déco), it’s what I normally do at MAAAD.
My influences are consequently, numerous and various! I obviously take inspiration from the past, especially by systematically visiting decorative art museums of each city I travel to. These museums are not always well known and frequented, yet they are a true source of inspiration and I can spend hours there! Otherwise, I can find inspiration everywhere: I love to travel and strolling in cities (because of the different architectures I see, the looks of the people I meet…), in art exhibitions (the pieces that are presented or the scenography), magazines (today’s or old ones) but also in the movies and tv shows, when particular attention has been given to settings and costumes (all the Kubrick’s movies or tv shows like Mad Men)

Sommerso Murano vase, hand model: @enflammee
→ As-tu une journée type ?
Pas vraiment, et c’est ce que j’adore dans mon quotidien!
Lorsque je suis à la boutique (4j/semaine), outre le fait de conseiller & d’échanger avec les clients (ce qui change tous les jours, forcément), je mets quotidiennement des nouveaux objets, et donc j’organise leur exposition pour les valoriser au mieux, comme une petite mise en scène! Je fais aussi des photos + retouches pour Instagram et les ventes en ligne, je prépare mes étiquettes, je chine un peu sur Internet, je fais des recherches sur des pièces, etc.
Et les 3 autres jours de la semaine, je pars chiner, principalement! Mais je travaille aussi à l’atelier avec mon père, pour tout le travail de nettoyage & restauration des objets. Et je m’occupe des ventes en ligne, et cela prend du temps de réaliser un emballage sécurisé lorsque je dois envoyer un vase ou un meuble en verre… Donc emballer les commandes & aller à la Poste!
Et puis je prends le temps de ne rien faire aussi !
___
→ What is your typical day like?
I don’t really have a typical day, and that’s what I truly love in my daily life!
When I’m at my boutique (4 days a week), except the fact that I give advice and that I talk to customers (and they differ from day to day), I also add new objects every day, so I have to organize how they will be enhanced, as a sort of staging! I also take photographs and do retouches for Instagram and my e-shop, I prepare price tags, I also go bargain-hunting online, make some research about pieces, etc.
And the three other days of the week, I mainly go rummage sale-ing. I also spend time at my workshop with my father, for all the cleaning and restoration that must be done. I also have to process all the orders concerning my e-shop and it takes time to correctly wrap up all of them and protect them, especially for the vases or glass objects…. So I spend a lot of time packing and at the post office!
And I also take time for myself and do nothing!

→ Quelles sont les étapes qui précèdent la mise en vente d’un objet?
Ma sélection de chaque pièce chinée est vraiment liée à un coup de coeur, j’aime sincèrement chacun des objets que je vends, que ce soit pour sa fonction, son époque, sa couleur, sa matière, sa rareté, sa ligne, sa technique de fabrication, sa manufacture, son détail improbable, etc. La première étape, c’est donc ce coup de coeur personnel, je dois forcément aimer un objet pour pouvoir le défendre, le mettre en valeur, et prendre plaisir à le proposer & le vendre, peu importe les tendances ou les modes.
Puis bien sûr je nettoie chaque objet avec soin, puisque je souhaitais que la boutique ne fasse pas « esprit brocante » ; donc tout est nickel et brillant! Quand c’est nécessaire, je restaure certaines pièces avec mon père, car tout doit être en état de fonctionnement (par ex. les horloges) et aux normes (par ex. les lampes). Puis ça peut être des objets à recoller, cirer, vernir, etc.
Une fois que c’est en état, chaque pièce est décrite et répertoriée dans un livre de police (obligatoire pour les ventes d’antiquités). C’est là que je fais certaines recherches pour expertiser chaque objet (matériaux, époque, techniques, manufacture, pays d’origine, anecdotes, etc.) et déterminer son prix de vente. Toutes ces infos me permettent ensuite de faire mes étiquettes produits, puisque je tiens à ce que chaque objet soit accompagné de tous ces éléments descriptifs, que le client puisse repartir avec ; cela donne une valeur ajoutée à chaque pièce qui est unique, même si elle n’est pas chère!
___
→ What are the previous stage before the selling of an object?
How I select each bargain-hunted piece depends on the ones that grab my attention and that become my favorite. I sincerely love each object I sell, whether because of its function, the era that it belongs to, its color, material, rarity, its shape and line, the way it was made, its manufacture, its uncanny detail, etc.
Firstly, so concerning the objects that become closest to my heart, I must really love an object to defend it, enhance it, and enjoy the process of proposing it and putting it up for sale, whatever the trends and tendencies.
Then, of course, I have to clean each object with special care so that my boutique doesn’t epitomize a “bric-a-brac trade” spirit: so everything has to be clean and shiny! When it’s necessary, I restore some of the pieces with my father, as everything must be operative (clocks) and brought up to standards, (lamps). I can glue back together pieces of objects, polish them, varnish them, etc.
When everything’s in working order and in good condition, there’s a written description for each piece that is also indexed in a “police book” where each item is registered. It’s a mandatory step for antiques’ selling; the “police book” enables me to do some research to expertize each item (materials, eras, techniques, manufacture, countries of origins, anecdotes, etc) and to determine the retail price. With all this information, I can prepare labels, then I really want that all these informative elements precisely belong to each specific object, so that the customer can leave my boutique with all of them in mind. It gives an added value to each piece that is truly unique, even if it’s not an expensive one!

→ As-tu des petites habitudes lorsque tu travailles ?
Pas vraiment, je ne pense pas à quelque chose de particulier… Alors oui je travaille toujours en musique, il y a toujours du son à la boutique (ou la radio à l’atelier). Ah si, une chose : on a pris l’habitude de toujours manger un pain-saucisse lorsqu’on va chiner en vides-grenier avec ma soeur !
___
→ What work habits have you developed?
I haven’t really developed any particular work habit. I always work with music, you can hear some at my boutique (with my radio station or at the workshop)
Oh, yes, there’s one thing: My sister and I usually eat a sausage bread roll each time we go bargain-hunting or during open-air rummage sales!

→ Que préfères-tu dans ton quotidien ?
Chiner c’est quand même ma partie préférée ! Partir à la recherche de nouvelles pièces, l’excitation de dénicher la perle rare, la satisfaction de trouver un objet qu’un client cherchait depuis longtemps, le plaisir de fouiller au milieu de plein de choses différentes et d’en sortir une pépite ou un objet complètement atypique… C’est ce que je préfère !
Après, j’adore aussi le fait de tenir une « vraie » boutique : pouvoir échanger en direct avec les gens, discuter avec toute sorte de clients, de tous les âges et de tous les profils. Outre le fait que c’est beaucoup plus agréable et inspirant (à mon sens) de pouvoir voir en vrai & toucher un objet, il y a donc aussi tout ce côté « social » qui est important pour moi, surtout dans notre société où tout a tendance à être dématérialisé, où le commerce en ligne prend de plus en plus de place etc. Et tenir une boutique physique, c’est aussi participer à la dynamique d’une ville, à sa spécificité, et j’y tiens! C’est tellement triste quand on voit que les centres villes ont tendance à tous se ressembler, à s’uniformiser, avec les mêmes grandes enseignes, alors il faut pouvoir se donner les moyens de proposer autre chose, même si ce n’est pas toujours évident!
___
→ What do you most enjoy doing in your daily life, as an antique dealer?
Go bargain-hunting is my favorite moment. To be looking for new pieces, the excitement to find a rare gem, the satisfaction to find an object that a customer has been searching for a long time, the joy to rummage amid many different things and bring out of them a completely atypical object… That is what I mostly love!
I also love to run an “actual” boutique: to talk directly with people, to discuss with all sorts of customers, of all ages and profiles. Besides the pleasurable and inspiring (to me) aspects to see in real life and touch objects, there’s also a “social value” related to them (because of the boutique) that really matters to me, especially in our society where everything is dematerialized and where online shopping takes up more and more room, etc. Running a physical boutique means also participating in the dynamics of the city, to its specificity, and it matters to me! It’s so sad when you see that city centers look all alike, get standardized, with the same big brands… So, we must provide ourselves with the means to propose something else, even if that’s not always obvious!

→ Comment t’es-tu adaptée au Covid ?
Mis à part les mesures sanitaires obligatoires (masque, gel hydroalcoolique, nombre de clients limité), j’ai surtout essayé de davantage développer les ventes à distance, pour élargir ma clientèle. Ce n’est pas forcément ce que je préfère, mais c’est aujourd’hui nécessaire pour survivre, et du coup pour pouvoir continuer à tenir ma boutique, à garder cette liberté et cette indépendance.
___
→ How did you adapt your business during Covid-19?
Apart from sanitary and compulsory measures (mask, hand sanitizer, a limited number of customers), I’ve also tried to develop distance selling, to broaden my clientele. It’s not what I particularly like, but it’s necessary today to survive, and so to continue to run my business, and keep this freedom and independence.